Épisode 013 : Les Plans Secrets de Tesseha'lla (Terminé)

Une petite réunion des trois « compagnons » de Milla… Ouais, ça ne pouvait que bien aller, tout ça, hein? Avec le Bisley, le mythe, l’homme le plus charismatique de Tesseha’lla. Tellement charmeur que tout le public était en adoration absolue avec, mais n’avait aucune idée de à quoi il ressemblait. Un modèle, vraiment. Pour un espion, c’était un rêve. Alvin était connu, mais pas tout le monde savait à quoi il ressemblait. Il lui manquait juste les talents de manipulation légendaires de Bisley.

Si seulement Gilland n’y était pas…

Le mercenaire entra discrètement dans la pièce, derrière Noire et Shella. La priorité aux femmes, n’est-ce pas? À nos chères robots, nos femmes artificielles. Il jeta un regard à Rideaux, qui l’ignora superbement. Alvin savait que le directeur snob avait… des pièces métalliques dans son corps, mais naturellement, personne n’allait le savoir. Il n’était pas une servante, une vulgaire domestique léchant les pieds de Bisley comme Vert.

― « Alfred. » Urgh. « Voici mon neveu, cher Bisley. C’est grâce à lui que nous avons réussi à retrouver Aska et Luna. Sans lui, jamais nous n’aurions pu terminer notre projet KOS-MOS. »

Huh? Alvin haussa un sourcil. Lui qui ne voulait plus jamais revoir son oncle après la tentative d’assassinat envers lui… voilà qu’il agissait avec pleine de reconnaissance, malgré le fait qu’il avait annoncé tout haut aux exorcistes l’existence du projet Neptune? Les deux hommes observèrent le mercenaire avec un grand sourire satisfait, comme s’ils étaient bel et bien fiers de lui. Mais qu’est-ce que…

― « Quel dommage que je ne sois pas au courant de ce dit projet… Je connaissais le projet Neptune. Elle a été renommé? » blagua-t-il, avec un faible sourire en coin. C’était quoi ce bordel encore…? Aska et Luna? Oui… il avait repéré la tour où les esprits étaient, mais jamais il n’aurait cru que les hommes de Gilland auraient capturé les deux esprits aussi rapidement. À peine qu’il était rentré à la maison qu’ils avaient fini un nouveau projet? Visiblement, ce n’était pas un projet qu’ils venaient toujours juste de commencer.

― « Très drôle, Alfred, » répliqua-t-il sèchement, avant de se reprendre rapidement après un petit rictus de la part de Rideaux. « Vous avez juste devant vos yeux KOS-MOS; KOS-MOS, présente-toi à notre assemblée, s’il te plaît. »

Alvin eut un rictus de dégoût. « S’il te plaît ». Et si ça ne lui plaisait pas, il allait faire quoi? Tirer une balle dans sa tête et la refaire pour qu’elle se plaise à tous ses désirs et ses ordres, peut-être?

KOS-MOS s’avança suite à l’ordre de Gilland, se plaçant entre les trois employés et les dirigeants, faisant face à Alvin. Elle ne resta pas trop loin de Gilland, de sorte que Bisley pouvait l’admirer de profil.

― « Je suis le prototype KOS-MOS : Kosmos Obéit à des Systèmes Multiples Opérationnels Stratégiques, modèle KP-X 000000001, système NATARAJA. Je suis un prototype qui expérimente l’utilisation de l’énergie des esprits sur le terrain. Je possède l’esprit Luna dans mon corps. C’est elle qui alimente mon corps. »

Le viseur de son casque descendit sur ses yeux, les cachant aux autres, puis elle amena ses mains devant sa poitrine, comme si elle tenait une boule. Ses mains se mirent à émettre une lueur arc-en-ciel. « Hilbert Effect chargé. Activation dans 3, 2, 1… »

Tout d’un coup, la lueur s’évapora en une grande vague d’énergie, passant à travers tout le monde. Les lumières vacillèrent, et Vert et Rideaux portèrent une main à leur poitrine.

― « Mais qu’est-ce que…? »

Une fois l’effet terminé, KOS-MOS reprit sa place aux côtés de Gilland sous son ordre. L’oncle d’Alvin prit les devants.

― « Voici l’Hilbert Effect, possible grâce à l’énergie de Luna. Cet effet neutralise non seulement la malveillance, mais aussi la magie, rendant KOS-MOS l’arme ultime pour tous vos plans, président Bakur, » expliqua-t-il avec un grand sourire à Bisley, qui lui rendit la pareille. « Malheureusement, cet effet est accompagné d’un petit soucis; il neutralise aussi la technologie, donc les cyborgs et les androïdes en sont affectés… mais nous travaillons dessus. De toute façon, nous jugeons l’effet satisfaisant malgré ce contrecoup. Notre équipe a conçu KOS-MOS de sorte qu’elle n’a pas besoin de dépendre de la technologie pour pouvoir battre ses ennemis. Après tout, une fois les deamons affaiblit, elle peut facilement les achever, » expliqua Gilland d’un ton satisfait.

Alvin regarda les cyborgs et les androïdes présentant dans la salle, remarquant qu’elles (et Rideaux) semblaient toutes affaiblies, alors qu’il ne ressentait rien de spécial. Il supposa cependant que si Milla ou Naomie était présente… Est-ce que cet effet affectait les esprits aussi? Il n’avait pas vraiment le goût de le découvrir.

― « Je vois… Intéressante découverte, Gilland, » répliqua Rideaux d’un rictus moqueur. Le médecin dévisagea KOS-MOS, mais celle-ci n’eut aucune réaction, ne sachant et réalisant pas que le directeur des cyborgs la méprisait.

― « D’ailleurs, où est le projet Neptune? Votre plus grande réalisation semble être… en retard, » lança Gilland avec un rictus amusé, nourrissant la tension entre les deux hommes, mais Bisley fit un pas pour les interrompre.

― « J’entends des pas, » déclara le président. « La voici! » s’exclama-t-il, alors que les portes s’ouvraient.

Alvin observa tous les gens de la pièce, se sentant tout d’un coup complètement déconnecté de la situation. Comme s’il était un étranger. Un intrus. Une personne qui n’avait rien à voir avec ce qui se passait ici. Ce n’était même pas comme s’il avait entrepris une mission d’espionnage ― et pourtant, il savait ô fort bien comment il était important qu’il soit très attentif à cette réunion, et que tout ce qui allait se dire ici allait être d’un impact monstre, des informations capitales, vitales même pour Milla. Pourtant, quelque chose au fond de lui lui disait qu’il n’était pas concerné par ces plans. Quelque chose lui disait qu’il n’était pas à sa place. Non; quelque chose lui disait qu’il y avait un mal ici et que pour sa propre sécurité, il était mieux d’être le plus loin possible. Il y avait un danger, et ce n’était pas comment Noire et Shella avait été affaiblies par cette KOS-MOS. C’était quelque chose qui le dépassait. Pire; c’était quelque chose qu’il était moralement obligé d’intervenir dedans, de faire quelque chose, même s’il aurait très bien pu tout simplement se sauver, se cacher, et attendre que l’orage passe.
Parce que quelque chose lui disait que l’orage ne passerait jamais, cette fois-ci.

Il tourna la tête vers le fameux projet Neptune. Une jeune adolescente…? Il jeta un coup d’œil vers Rideaux. C’était son genre de femme…? Ou le projet était si immature que cela? Il vit les regards que se jetaient mutuellement Rideaux et Gilland. Alvin ne voulait pas prendre de parti, mais il lui semblait que Gilland avait gagné sur ce coup-ci. Comme ce… praetor lui avait dit, les cyborgs étaient humaines. Trop émotionnelles, cette Neptune en flagrante évidence. Même Shella était programmée pour avoir des émotions, et à en juger ses réactions, ce n’était pas ce que Bakur souhaitait voir de ses « soldates ». Pourquoi conserver un côté humain? À quoi ça servait? Déjouer les exorcistes en jouant sur leur rôle de saint-martyr qui doit sauver tous les « humains »? De toute évidence, ils n’avaient pas rencontré le docteur Balfour.

― « Avec la découverte d’Aska, nous avons enfin trouvé un moyen de charger le canon sans tuer Volt, le cœur de notre cité. En partageant la charge entre les deux grands esprits, nous pouvons tirer une charge explosive que Sylvarant ne pourra jamais contrer ― ou Heldalf même. Pour pouvoir soulager le fardeau que cela impose sur Aska et Volt, nous pouvons syphoner l’énergie d’esprits moindres. Naturellement, plus que nous chargeons le canon d’esprits, moins que le coût d’énergie est pour nos grands esprits. Ceci dit, cela prend un temps assez considérable pour charger le canon en petits esprits. Nous y travaillons encore sur la matière, mais je crois que le canon serait complété lorsque nous en aurons enfin fini avec Heldalf, » expliqua Gilland avec des diapositives à l’appui. Le canon était une arme gigantesque, très long, et Alvin réalisa qu’il l’avait vu au sommet de la tour de la Spirius Corporation. Ce n’était pas une arme portable. Et Volt y était connecté, depuis le sous-sol…? La tour entière alimentait ce canon ou quoi?

― « Un simple prototype, je vois… » souffla Rideaux d’un ton sarcastique.
― « Tout comme le projet Neptune, » lui balança Gilland pareillement.
― « Allons, allons! » intervint Bakur en se plaçant entre les deux hommes, son corps trop imposant, compare aux deux fragiles hommes, exigeant la discipline dans la salle. « Le canon sera-t-il illimité? » demanda alors le président, redirigeant naturellement la conversation vers ce qui importait.

― « Malheureusement non, ou du moins, pour l’instant… » répliqua Gilland en lançant un coup d’œil vers Alvin, qui fronça des sourcils. « Nous pouvons garder les grands esprits en vie, ceux-ci étant nécessaire pour nos études et nos plans, mais le canon va probablement consommer de cinq cents à mille petits esprits par détonation. Nous travaillons à réduire les coûts pour rendre l’arme plus efficace, et tant que nous ne comprenons pas d’où viennent les esprits et comment ils sont formés… » Gilland rejeta un autre coup d’œil, encore plus appuyé, vers Alvin.

― « Donc, plus que nous consommons d’esprits, plus que l’arme sera puissante? »
― « Naturellement. »
― « Alors je n’y vois pas d’inconvénients, » trancha Bisley. Gilland eut un moment de gêne, comme s’il se disait que le président était fou et ne voyait pas les conséquences que cela allait éventuellement engendrer, puis se reprit.

― « C’est pourquoi j’ai chargé mon neveu de la capture de l’esprit suprême Maxwell. Grâce aux reports de Noire et Shella ― milles mercis à vous ― nous avons pu confirmer l’existence des grands esprits élémentaires Undine, Sylph, et Gnome. Alvin va naturellement assister Maxwell à la découverte d’Efreet, et une fois que Maxwell aura retrouvé le plein contrôle de ses pouvoirs, nous allons pouvoir le capturer pour pouvoir l’étudier en profondeur. Nous croyons que Maxwell va nous donner toutes les réponses que nous recherchons. »

― « Hum, je croyais que notre Maxwell n’était qu’une humaine maintenant, qui devait dormir pendant des semaines de temps, vous croyez vraiment qu’elle va coopérer? »
― « Eh bien, c’est la tâche d’Alfred, tout cela, n’est-ce pas, mon cher neveu? »

Alvin était recouvert de sueurs froides et eut un frisson intense suite à la dernière réplique de son oncle. Quoi? Comment? Enfin… si, il le savait. C’était ça dès le départ, sa mission. Séduire Maxwell pour faire en sorte qu’elle le suive bêtement dans la Spirius Corp et qu’elle se livre tout gentiment à des expériences. Alvin savait que ces expériences n’avaient jamais été sensées être « douces », mais maintenant qu’il connaissait Maxwell, qu’il savait que les esprits n’étaient pas des outils, qu’ils avaient des personnalités comme eux, qu’ils étaient aussi humains qu’eux…

Il leva la tête vers KOS-MOS. Ou devait-il dire Luna emprisonnée, domestiquée en une arme qui était incapable de désobéir? Allaient-ils faire la même chose à Milla…?

― « …oui, » devait-il répondre à contrecœur, ne pouvant publiquement se rebeller ici, juste devant Bisley Bakur. Même contre son oncle, en tête-à-tête, il n’allait jamais oser, tant et aussi longtemps que sa mère était vivante. Noire n’allait pas réagir, de toute évidence, mais il n’osa pas regarder Shella. C’était bien la seule présente dans la pièce capable de réagir contre les individus ici. Il jeta un coup d’œil à nouveau vers KOS-MOS. Elle semblait si sereine, si parfaite, si belle, avec ses yeux bleus, comme si elle était une déesse, un être supérieur à eux tous ― et bordel qu’il en était conscient ―mais elle n’était qu’une esclave et elle n’en était même pas consciente.

KOS-MOS cligna des yeux suite à l’arrivée de Neptune, puis elle se réveilla. Une jeune fille robotisée se tenait devant elle, une enfant de guerre. Était-ce normal pour les humains? Elle avait vu de jeunes enfants se battre contre des monstres avant. Il fallait aux humains survivre, et même si c’était dur, c’était nécessaire. Elle l’avait toujours compris. Elle ne pouvait rien y faire. Mais c’était la première fois qu’elle voyait une fille robotisée ainsi. Elle semblait pleine d’énergie, d’entrain. Sans ces parties métalliques, cette fillette n’aurait jamais pu survivre contre les monstres qui régnaient sur ce monde.

Elle porta une main à sa poitrine, ignorant les conversations autour d’elle. Son regard se posa sur chacun des individus. Elle reconnaissait naturellement Gilland, cet être froid qui lui rappelait Celsius, plein de mélancolie sans être malveillant. Elle ressentait toujours une pitié pour cet homme, mais elle savait que cela n’était pas nécessaire. Elle réalisa qu’aucune femme présente dans la pièce était complètement humaine. En effet, celle qui semblait être la plus jeune était, tout comme elle, une coquille de métal renfermant une âme. Elle sourit à la petite fille en mauve et en rose lorsque celle-ci croisa son regard. Les autres femmes lui semblaient trop vides, trop froides, comme si elles n’avaient pas d’âmes. Elles étaient vivantes, humaines, mais elles semblaient trop soumises pour pouvoir se questionner.

Les trois derniers hommes étaient malveillants. Martel ne lui avait pas dit que le genre masculin était à éviter? Le plus imposant était trop orgueilleux. Il était trop sûr de lui. De toute évidence, il désirait un pouvoir qu’un humain ne devait jamais obtenir. L’autre homme à ses côtés était tout aussi pire. Il était haineux, désespéré, vaniteux, obsédé. Elle ne serait pas surprise qu’il se transforme en deamon un de ses jours.

Son regard se posa sur le dernier homme, celui qui dégageait le plus de malveillance, mais en qui elle avait le plus confiance des trois. Le grand brun soutenait son regard pour l’instant, mais elle comprenait du premier coup d’œil ce qu’il était : un lâche. Elle voyait le doute dans son regard, son incapacité à agir, son désir de fuir. Mais elle voyait aussi dans son regard que cela changeait. Qu’il restait en lui une pureté qui lui disait de ne pas lâcher. Elle allait devoir le surveiller. Les hommes lâches pouvaient vaciller des deux côtés à n’importe quel moment. Elle espérait pouvoir le guider du bon côté.

― « Et KOS-MOS? Pourrait-elle alimenter le canon? » demanda l’homme en rouge. KOS-MOS cligna des yeux et elle se rendormit. De ses yeux rouges, elle tourna la tête comme d’un geste automatique vers Bisley, le dévisagea intensément.
― « Elle pourrait, mais elle ne serait alors plus fonctionnelle. Je comprends votre désir, président, mais elle possède l’Hilbert Effect… »
― « Ne vous inquiétez pas, président, nous allons travailler en équipe pour instaurer l’Hilbert Effect sur nos cyborgs! » en profita alors Rideaux, avec un sourire machiavélique.
― « … certes, » répondit du bout des lèvres Gilland.

Alvin sentit le regard de son oncle se poser sur lui. Les origines de la malveillance… Le praetor semblait en effet au courant de cette chose. Il se souvenait encore de comment l’homme en bleu lui disait que Tesseha’lla « en produisait ». Le mercenaire n’osait pas défier le regard de Gilland, mais il ne pouvait s’empêcher que de se demander qu’est-ce que les scientifiques tesseha’llans foutaient ici. Si on lui disait qu’ils avaient un laboratoire à malveillance, une génératrice qui pompait de la malveillance dans l’air, comme Heldalf insufflait son aura dans les airs, il n’en aurait aucunement été surpris. Même si c’était complètement illogique. Et pourtant, de la manière dont Jade en parlait, il avait l’impression qu’il s’agissait d’autre chose. Parce que même si Jade était l’un des hommes les plus intelligents sur ce continent, et qu’il avait déjà travaillé ici auparavant, comment aurait-il pu savoir une telle chose? Toutes les choses que le praetor savait sur Tesseha’lla, Alvin les connaissait déjà.
Et puis, Jade avait aussi dit que Sylvarant « savait gérer la sienne »…

Mais ça, ce n’était pas quelque chose à dire ici. C’était son pouvoir. Son pouvoir sur Bisley et Gilland. Ils avaient beau à tout savoir sur Milla, jamais ils n’allaient pouvoir tout connaître sur ses propres aventures et les informations qu’ils récupéraient.

― « Si vous me le permettez, président… Je crois qu’il serait le temps de mettre à jour l’équipement de notre personnel, » Quoi?
― « Excellente idée, mon cher, » répliqua Rideaux d’un ton venimeux, et si ces deux-là s’accordaient, c’était jamais bon signe. « Votre androïde est peut-être une base de données, mais nous ne pouvons nous fier qu’à elle seulement! »
― « … »
― « Noire, Neptune, vous allez utiliser notre nouvel modèle de téléphone intelligent. Vous allez aussi les distribuez à tous ceux que vous jugez nécessaire, ainsi que l’entourage de Milla et de Velvet. Ces téléphones vont être capables d’enregistrer leurs conversations, en plus de nous donner leur location. Comme ça, Noire et Shella, vous ne serez plus obligées de les suivre en permanence. Force est d’admettre qu’avec cet Heldalf, nous allons avoir besoin de toutes nos ressources… »

Ils allaient enregistrer toutes les conversations de Milla? Il en avait rien à foutre de cette Velvet, mais… il n’allait plus jamais être en mesure de garder secret tant de monde! C’était fichu pour Richard ― surtout s’ils avaient un laboratoire de malveillance! Bordel, Gilland faisant vraiment tout pour rendre son boulot impossible!

― « Comme ça, tu vas mieux comprendre pourquoi les assassins que tu nous envoies échouent? » demanda sarcastiquement Alvin ― même méchamment ― le mercenaire ne s’étant toujours pas remis de la trahison de son oncle.
― « C’était un test, Alfred, tu dois bien connaître ça. Nous devons entièrement nous baser sur vos dires. Il fallait bien que j’envoie quelqu’un pour prouver que cette Milla est aussi forte que vous le disiez. Et en effet, vous n’aviez pas tort… »
― « … tch. »

Alvin croisa des bras, tandis que Vert distribuait les modèles les plus récents de la collaboration entre Rideaux et Gilland. Le mercenaire fut presque surpris de voir qu’il n’en recevait pas, mais bien qu’il savait la raison principale (il avait déjà un modèle similaire, plus stable, et qui était fait expressément pour lui par son oncle), il préféra se dire que Gilland n’avait soudainement plus d’argent pour lui. Juste pour lui. Seulement pour lui. Après tout, il n’était que son neveu.

― « C’est tout, on peut partir? » demanda bêtement Alvin, les bras toujours croisés. Son oncle lui jeta un regard noir, mais le président s’imposa en premier.
― « Milla et Heldalf. Voilà vos objectifs. Les mêmes qu’avant. Je crois que c’est très clair. Vos supérieurs immédiats vous donneront plus d’ordres lorsque le temps viendra. À moins que vous avez des questions ou autre chose à ajouter, ce sera effectivement tout. Merci pour votre collaboration, M. Svent. »

Alvin haussa des sourcils tandis que Bisley lui affichait un grand sourire charismatique. Un vrai leader celui-là, n’est-ce pas? Gilland avait beaucoup de leçons à tirer de lui. Le mercenaire venait tout juste d’apprendre à quel point président Bikur était égoïste, ne voyant aucun problème à tuer des milliers d’esprits, mais il savait exactement comment s’attirer le respect et la confiance. Alvin en était presque gêné.

― « Rien pour ma part. »