Épisode 015 : La cité des neiges au bord du chaos (Terminé)

Quelque chose s’éveilla en lui. Quelque chose qu’il n’arrivait pas à expliquer. Il avait l’impression de perdre toute notion de la réalité, et pas dans le sens d’être déconnecté. Il avait l’impression d’être dans un tout nouveau monde, une nouvelle dimension, où rien ne faisait de sens. Qu’est-ce qui se passait? Où était-il? Qui était-il?

Ces yeux bleus le terrorisaient. Il y avait quelque chose de très terrifiant dans cette jeune femme à la chevelure bleue et aux yeux de la même couleur. Il y avait quelque chose d’inhumain, de trop haut, trop… céleste? Il avait l’impression qu’elle était trop pour lui, qu’elle l’anéantissait, qu’elle plongeait au plus profond de son être, et lorsqu’elle lui toucha la joue, il eut l’impression d’avoir été fracturé. De ne plus exister.

Il posa sa main sur sa joue. Mais qu’est-ce qu’elle lui avait fait?

Il reprit lentement conscience de la réalité. Qu’est-ce que… Il regarda sa main. Était-ce vraiment KOS-MOS? Son oncle lui avait dit que de temps en temps, les yeux de KOS-MOS devenaient inexplicablement bleus, et que son IA en était perturbé, mais là… c’était pas pareil du tout. Elle lui avait fait quelque chose, il en était convaincu. Mais quoi? Et comment? Elle lui avait donné une énergie. Une ―et Alvin avait de la misère à le concevoir, et c’était quelque chose qui n’allait jamais pouvoir expliquer à qui que ce soit ― lumière. Il avait soudainement eu l’impression d’être plus fort. Plus courageux. Comme si toutes ses ténèbres intérieures ― et encore là, c’était quelque chose qu’il n’arrivait pas à concevoir et qu’il ne serait jamais capable d’expliquer ― s’étaient dissipées, le transformant en un combattant courageux, un chevalier bienfaisant prêt à mourir pour sa patrie. Tout ce qu’Alvin n’était pas, quoi! Lui? Mourir pour quelqu’un d’autre? Il tourna la tête vers KOS-MOS. Mourir pour une machine…?

Et pourtant, c’était exactement ça qui se produisit. Pendant quelques instants.

Pendant quelques instants, il se croyait presque invincible. Il possédait une nouvelle force, un courage qui ne lui était pas, une lumière inexplicable, qu’il matérialisait au bout de son épée. Massacrant tous les deamons à sa portée, il n’avait plus aucune peur, plus aucun doute. Les ennemis tombaient comme des mouches, et il balançait son épée avec une élégance aucunement raffinée mélangée à une confiance qui bornait l’insouciance. Ces monstres crevaient comme des bulles, pourquoi s’inquiéter? Et ce deamon géant…

Ce fut l’apparition soudaine d’une jeune femme qui le sortit de sa trance, le ramenant à la réalité. Ah oui, la guerre. Les deamons. Le danger que les deamons représentaient. Mourir à la guerre? Pas pour lui. De toute façon, il devait surveiller KOS-MOS…

― « Parfait, salut! » lança-t-il à la non-humaine (pourquoi elle l’appellerait « humain » si elle en était une?) lorsqu’elle lui suggéra de se casser. Qui était-il pour refuser un tel ordre, ha ha ha! Il avait l’air d’un preux chevalier peut-être? Lui? Nan!

Il remarqua que d’autres femmes s’avançaient vers eux, mais il les ignora. Elles voulaient s’en prendre à ce colosse? Parfait, qu’elles le fassent, c’était pas son problème. Il avait des choses bien plus importantes à s’occuper, comme KOS-MOS. L’androïde semblait aussi insouciante qu’il l’avait été quelques instants plus tôt, ne prêtant aucunement attention au deamon. Celui-ci avait projeté une grande vague d’énergie, qui avait même repoussé Alvin, alors que celui-ci avait pris ses distances et s’était enfuit du combat. Seule KOS-MOS n’était pas affectée.

― « Dis, KOS-MOS, ça te tenterait pas d’attaquer ce monstre, là? »
― « Négatif. Mes calculs semblent erronés. Nous avons manqué de temps. Les deamons sont plus nombreux que j’ai estimé. L’effet Hilbert va être soulevé dans quelques secondes. Il est préférable que je continue de tuer ces deamons que d’attaquer ce spécimen. Ces combattantes n’auront que 71,2803% chance de survivre si je ne continue pas d’abattre ces deamons. »
― « Et si tu continues? »
― « J’aimerais estimer 100%, mais si les deamons ne baissent pas en nombre, 91,2094% seulement. »

Ah ouais, carrément…

― « Et moi? »
― « Vous n’affectez aucunement les statistiques. »

Il soupira.

KOS-MOS ne comprenait pas. C’était illogique. Elle ne devait pas être calibrée, c’était la seule explication possible. Pourtant, les données étaient exactes. Le nombre de deamons qu’ils avaient massacrés à eux deux étaient bien au-delà des milliers. Ils avaient même tués plus de deamons qu’il y avait présentement en vue. Et pourtant, l’armée ne semblait pas diminuer en taille. KOS-MOS ne comprenait pas comment cela pouvait être possible et en exprima l’inquiétude au neveu, qui se battait maintenant à ses côtés, celui-ci ayant ignoré le giganto au final.

― « Ouais, moi aussi j’ai remarqué ça… Je crois qu’ils ont des magiciens. Peut-être qu’ils sont capables de créer des deamons, ou d’en téléporter? »

Ah. Voilà une explication logique. Ses calculs n’étaient donc pas faux, elle était parfaitement calibrée. Il lui fallait donc trouver la source de cette génératrice de deamons infinie, sinon, ils allaient perdre le combat. Elle ne pouvait plus réactiver l’effet Hilbert « Comment ça, ton effet Hilbert est hors-fonction!? » et celui-ci venait de se dissiper, ce qui redonnait la puissance à tous les deamons dans les environs. « Tu veux dire que ces filles vont devoir se battre contre une version encore pire que ce que j’ai vu!? » Ces vagues étaient sans fin, et les humains n’étaient pas bâtis pour l’endurance comme les machines qu’étaient les soldats de Tesseha’lla, sauf qu’ils ne pouvaient pas protéger tous les humains.

― « Je vais chercher la source de ces deamons, » annonça-t-elle à Alvin, le prenant au dépourvu. Il bafouilla quelques mots, alors que l’androïde fonça vers lui. Lorsqu’elle prit appui sur son épée, le mercenaire cria d’horreur, convaincu qu’elle allait foncer à travers lui, puis l’androïde sauta plusieurs mètres dans les airs. Du haut, elle avait une meilleure vue sur le champ de bataille, mais les vagues de deamons étaient trop épaisses pour qu’elle puisse reconnaître quoique ce soit. Elle ne voyait que le carnage, les cadavres s’entassant, mais rien qui ne pouvait signaler une génération de deamons. Pas de portail flashant. Cette source devait être cachée. Logique. Leurs ennemis avaient un bon sens de la stratégie pour agir ainsi. Elle atterrit au sol quelques mètres plus loin, sur la tête de quelques deamons, et continua d’avancer au loin, son F-GSHOT à la main, tuant dizaines à dizaines les deamons faibles.

― « Hey, hey! » s’écria le neveu derrière elle, presque enterré par des deamons jusqu’à ce qu’il les repousse d’un arte de lumière. « Tu pourrais pas au moins utiliser tes canons? Tu es la plus forte ici, ils ont tous besoin de ton aide! »
― « Négatif, la priorité est de trouver la source de ces deamons. »
― « Et tes, tes euh, tes Zohars, tu peux pas les utiliser? L’effet est dissipé, ils sont rechargés, non? »
― « Mes mini-guns Zohars sont effectivement rechargés. Lorsque je vais localiser la génératrice, je vais utiliser mes Zohars pour les détruire. »
― « Ils vont avoir eu le temps de se rechargés une nouvelle fois quand tu vas trouver les génératrices, non? Tu pourrais pas les utiliser maintenant, elles auraient peut-être besoin de ton aide, tu sais, ça te tente pas non? »
― « Il m’est aucunement possible de prédire lorsque je vais trouver les génératrices, ainsi, je ne peux pas prédire si mes Zohars seront rechargés à te― »
― « KOS-MOS, utilise tes putains de Zohars, bordel! C’est un ordre! Maintenant! »

L’androïde matérialisa ses mini-guns, se retourna vers Alvin, puis déchargea ses deux canons. Son mini-gun de gauche fut dirigé vers Waldstein, tandis que le deuxième fut pointé vers Hundun, massacrant tous les deamons sur la trajectoire des deux puissants projectiles. Le neveu était placé tout juste entre les deux lasers, évitant de justesse de se faire pulvériser lui aussi.

― « … Pourquoi la vie me hait tant que ça, » gémit-il.

Alvin tourna la tête pour voir, à sa grande surprise, un portail se matérialiser derrière le monstre. Quoi? Celui-ci prenait la fuite!? … mais, pourquoi? Il n’était même pas mort, il… Mais qu’est-ce que… Il regarda au loin. D’autres portails se formaient. Les deamons prenaient la retraite? Ce n’était pas normal. Ils avaient loin d’avoir gagné. Ils fuyaient? Il regarda KOS-MOS. Non. Ce n’était pas la fuite. Tout ça… tout ça, c’était une distraction, n’est-ce pas? Ils déversaient d’autres deamons, des pions, des… des distractions. Voilà. C’était ça. Ce combat en entier n’était qu’une distraction. Tant d’hommes avaient perdu la vie, et ils allaient tous célébrer leur victoire, mais la réalité était qu’ils venaient tous de se faire jouer, et ils n’allaient se rendre compte de rien.
Mais qu’est-ce qu’ils avaient bien pu faire ici!?
Tant que ça n’allait pas être une mauvaise surprise…

― « KOS-MOS! Status!? » cria-t-il à l’androïde, cherchant des yeux un indice quelconque.
― « Le nombre de deamons descend à toute vitesse. Estimation : les deamons seront tous éliminés dans quelques minutes. Déduction : les ennemis prennent la retraite et ne génèrent plus de deamons. »

Parfait… Ils s’étaient fait complètement joués, mais ils allaient pouvoir voir un autre jour. KOS-MOS ne semblait pas repérer quoique ce soit de dangereux, mais cela ne voulait pas dire qu’il n’y avait rien. Alvin fonça dans le tas, sautant par-dessus les deamons, tuant ceux qui s’accrochaient trop à lui, mais le mercenaire avait l’intention ferme de trouver quelque chose qui clochait. Un indice, une trace, quelque chose! Ce n’était pas normal, il fallait qu’il y ait un plan, une raison pour tout cela, et Alvin était convaincu que s’il ne trouvait pas, ils allaient tous le regretter! Il le savait, il le savait! Ce genre de stratégie, c’était surutilisé! Distraire l’ennemi, leur donner un faux but, une fausse impression qu’ils ont gagné pour qu’ils ne se doutent de rien et cacher leurs véritables intentions, et c’était même pas discret! C’était juste… trop, c’était trop absurde que ce monstre soit téléporté ainsi, ils étaient loin de l’avoir achevé, et pouf, il disparaissait comme ça, et tout d’un coup, les deamons cessaient d’être générés? Ce n’était tout simplement pas normal, c’était un piège!

Mais il n’y avait rien. RIEN! Bordel, il y avait rien! Il y avait juste deamons par-dessus deamons, tous dans son putain de chemin, et rien! Aucune trace! C’était… c’était juste sous son nez, il le savait que trop bien, et il ne voyait rien! Merde! Qu’est-ce qu’il… perdait!

― « Crève, enfoiré! » hurla-t-il de rage, tandis qu’un deamon le saisissait par le bras. Il enfonça son épée dans le torse du deamon, lui trancha la tête, et vida son chargeur dans ce qui restait. Il repoussa de son épée une ordre de deamons, expulsa son chargeur, frappa de son épée les monstres, rechargea son fusil, et le déchargea complètement sur les monstres. Bon sang, comment il ne pouvait rien voir!? Comment ça pouvait être caché!?
C’était… c’était pour ça, hein? En rendant le subterfuge trop évident, en criant presque sur les toits qu’ils les trompaient, ils le rendaient obsédé, mais il cachait leur plan. Et ils allaient tous le rendre fou, alors que ce qu’ils avaient fait était complètement invisible, et il n’allait pas dormir pendant des semaines à se creuser la tête.
Et au final, quand tout allait lui exploser à la figure, il allait se rendre compte que la chose avait été trop évidente, et qu’il avait été un idiot total pour n’avoir rien vu. Ils allaient tous se traiter d’imbécile. Sauf que lui, c’était ça, son boulot, sa spécialité. Et on allait le blâmer pour avoir failli à sa seule spécialité au monde, sa raison d’être, son entraînement, son éducation, enfance, vie complète.
Et on allait tous le traiter de raté.

Il soupira. Il se laissa choir sur un deamon mort, tandis que les autres avançaient vers KOS-MOS et toutes ces putains de dames dont il en avait rien à foutre. Il planta son épée dans la neige, déjà fondante avec tout ce sang chaud, et aposta son front contre ses mains qui tenaient le pommeau modifié de l’épée.

― « Pourquoi j’arrive à rien… »

Parfait. Les calculs étaient prometteurs. La mission était réussie. Les deamons diminuaient en nombre, et il n’y avait pas eu trop de morts. La sécurité du neveu avait été optionnelle, mais elle fut assurée. KOS-MOS était satisfaite du résultat, et ses supérieurs aussi. Les images vidéos que ses yeux avaient capturées furent envoyées à ses supérieurs, afin que le laboratoire les analysent. Son encyclopédie interne ne reconnaissait pas la magie derrière ce portail, mais sûrement que dans quelques jours, les scientifiques de Tesseha’lla allaient trouver et la mettre à jour.

Elle vit le neveu se tailler un chemin à travers les deamons, au loin, et assuma sur le coup qu’il allait se rendre utile en prenant en sandwich les monstres. Avec des émotions humaines plus développées, elle aurait été déçue de voir que ce ne fut pas vraiment le cas, mais ses calculs et estimations avaient déjà prédits cette possibilité. KOS-MOS ne comprenait pas vraiment ce qu’il faisait, car il ne semblait pas vraiment prendre la fuite ― la possibilité numéro un qu’elle avait calculée ― mais ce n’était pas comme si l’androïde pouvait comprendre cet humain. Il semblait exprimer des émotions aucunement nécessaires pour des raisons illogiques, et donc il ne fallait pas en prendre compte.

Les autres combattantes semblaient bien gérer la situation, alors KOS-MOS marcha vers le neveu, son F-GSHOT déferlant des balles sans arrêt, massacrant tous les deamons sur son chemin. Il y avait quelques risques qu’elle atteigne le neveu, mais comme la sécurité était optionnelle, elle s’en ficha. Bien heureusement pour l’humain, il ne fut pas atteint, car celui-ci avait tué assez de deamons autour de lui pour se créer une zone tampon, et les deamons vivants semblaient l’avoir prise comme cible dangereuse. Ils avaient raison. Elle estima que les deamons étaient capables d’une certaine intelligence.

― « La zone est claire. Suggestion : retourner à Hellawes, » déclara-t-elle à Alvin, qui se marmonnait quelque chose qu’elle ne comprenait pas, car ce n’était que des émotions humaines illogiques. Le mercenaire leva la tête avec ce qu’elle jugea être un épuisement dû à sa nature humaine. Oui, c’était une bonne chose que le combat touchait à sa fin, les humains avaient tendance à se fatiguer rapidement.

― « Tu es sûre qu’il n’y a rien d’autre? »
― « Affirmatif. Mes capteurs ne repèrent aucune trace de vie autre que vous. »
― « Aucune magie? »
― « Mes capteurs ne sont pas spécialisés dans cette nature. Je ne repère rien qui sort de l’ordinaire. »

Le neveu soupira, et se releva. Il fit une pause, regardant dans la direction opposée d’elle, comme s’il cherchait quelque chose ou attendait un évènement, et KOS-MOS chercha à son tour, mais ne repéra rien. Peut-être que cet humain était en proie à des illusions? Sa base de données disait que cela arrivait chez les humains après certains évènements tragiques ou stressants.

― « Suggestion : vous devriez prendre du repos. »
― « Allez, on rentre, j’en ai marre d’être ici, qu’ils crèvent tous, j’en ai rien à foutre, » déclara le neveu, en prenant les devants.
― « Affirmatif, » répondit-elle, soutirant un rire bref du neveu, en reprenant la direction de Hellawes. L’humain ne semblait pas trop en forme, mais il participa néanmoins aux efforts pour achever ce qu’il restait des deamons sur leur chemin.

Ils avaient réussi!? Ce monstre avait l’air d’être sur le point de mourir. Un autre coup, un autre effort, juste un peu plus, et ils allaient pouvoir…! Il n’avait qu’à lancer un sort, il n’avait qu’à… il n’avait qu’à…

― « Non! » Comment était-ce possible!? Hundun s’était échappé! Pourquoi!? Richard regarda de gauche à droite, comme s’il espérait pouvoir retrouver sa cible. Le monstre qui avait mis Shella K.O.! Il n’allait pas s’en sortir comme ça! « Où est-il? Où est-il!? » cria-t-il, tranchant les deamons qui étaient dans son chemin, cherchant vainement le deamon, mais il était trop tard. Il fallait se rendre à l’évidence, le monstre avait disparu et était maintenant très loin. Trop loin.

― « Shella! » s’écria-t-il en abandonnant tout espoir d’achever la créature, s’élançant plutôt vers son amie, ignorant les deamons qui continuaient à s’agglutiner autour d’eux, même s’ils étaient bien moins nombreux qu’auparavant. Il la secoua un peu, même s’il était parfaitement conscient qu’elle n’avait tout simplement plus l’énergie nécessaire pour être active, frappa la neige de son poing, puis, après avoir rangé sa rapière, glissa ses mains sous le coup et les genoux de l’androïde pour la soulever.

― « Je dois protéger Shella! » cria-t-il aux autres, ignorant complètement le danger (de toute façon, celui-ci crevait à petit feu, le combat s’achevait…), pour se diriger en retrait. Il aurait pu aider les autres. Il aurait pu juste placer Shella derrière les combattants pour pouvoir lancer des sorts sur les deamons. Mais non, il ne pouvait pas. I fallait absolument qu’il place son amie hors de danger. S’il fallait que les deamons s’en prennent à son corps, détruisent sa carapace… sa mémoire, sa personnalité! Non, il n’allait rien risquer de tout cela!

Qu’est-ce que… Qu’est-ce que c’était que cette magie? Il regarda ses conseillers; ils lui firent tous signe qu’ils n’y comprenaient pas plus que lui. Ses deux stratèges et Presa lui auraient sans doute fait un topo sur leurs connaissances en magie, mais ce genre de sortilège devait être hors de leurs connaissances. Les deamons de Heldalf étaient des sorciers…? Quelle force redoutable! Gaius n’aimait pas cela. Si ces deamons revenaient, ils allaient être dans le pétrin. Ils allaient être obligés de former des alliances pour doubler leurs forces! À la quantité de deamons qu’il y avait sur ces champs, ils n’allaient pas pouvoir survivre contre autant de sorciers! Ils allaient devoir contacter les exorcistes… Il allait devoir demander la protection de Celsius…

― « Ils se retirent! Je ne vous demande que quelques efforts, nous avons gagné notre combat! Hellawes ne tombera pas! » s’écria-t-il, en émanant son chakra, redonnant de la vitalité à ses alliés. Ses hommes s’élancèrent vers les deamons, n’ayant plus besoin de la protection de leur roi, et Gaius profita de ce petit moment pour observer Rowen. Son ministre secoua de la tête. Effectivement… il n’avait rien à y faire. Ils ne pouvaient que mettre fin aux monstres survivants, et rentrer au plus vite. Cette bataille allait sans aucun doute démoraliser ses hommes, et le plus vite qu’ils allaient être à la maison, le mieux qu’ils allaient tous se porter.

― « Il faudra que je remercie Tesseha’lla… » marmonna-t-il pour soi-même d’un ton las. « Un banquet, peut-être? » suggéra son ministre, toujours à ses côtés, tandis que ses quatre avatars de la chimère anéantissaient les deamons survivants. Le roi soupira. Il n’aimait pas vraiment ce genre d’évènement social, mais il était bien conscient qu’ils pouvaient être… nécessaires, si ce n’était pas tout bonnement obligatoire. Wingul et Rowen allaient tous les deux le forcer à le faire.

― « Je te mets en charge d’organiser tout cela. »
― « À vos ordres, votre Majesté, » acquiesça Rowen, la main au cœur, avant de réciter un sortilège d’eau pour nettoyer la place des deamons qui s’avançaient vers eux. Le roi leva son Murasakinohasu et s’élança dans la mêlée, tranchant de gestes larges et amples les deamons, et après ce qui lui semblant être que des instants, il ne restait plus que des cadavres par milliers.

Il leva la main ― celle qui tenait son katana ― en signe de victoire, et tous ses hommes s’écrièrent de joie. « Nous avons protégé notre patrie! Hellawes et nos clans peuvent être fiers de nous! Rentrons! Nous méritons tous du repos! »
― « Tesseha’lla inclus, » chuchota Rowen à son oreille.
― « Nos chers alliés aussi! Rentrons! Les murs de Hellawes nous attendent, retrouvons la chaleur de notre pays! »