Angelus Enim In Requiem [Terminé]

Il n’avait pas de fusil à la tempe. Rien ne l’obligeait à être ici. Tout lui disait de fuir. Il avait cette certitude de marcher vers sa mort, il avait l’impression de s’élancer tout droit dans le gouffre, dans la gueule du lion, et cette certitude était pire que la journée où il avait dû dire adieu à son humanité. C’était un destin encore plus terrifiant que de s’avouer esclave à un esprit pour l’éternité. Et pourtant, il ne reculait pas. Il savait qu’il était en danger. Mais il gardait la tête haute et droite. Il faisait face au danger. Car danger il y avait.

La maintenant célèbre Spirius Corporation… La compagnie qui était derrière toute la cité. La compagnie qui employait Alvin. Une compagnie qui, nécessairement, devait être criminelle. Personne ne devenait riche sans se salir les mains. Et à en juger les organisations criminelles qui résidaient à Tesseha’lla… La Spirius Corporation devait être très puissante. C’était un peu pour cela qu’il avait cette certitude de voir aujourd’hui sa fin. Mais c’était surtout parce qu’Alvin l’avait mené ici à bras ouverts.

Alvin. Un des meilleurs hommes que l’on pouvait se vanter d’avoir. Kratos n’était pas aveugle. Peu importe ses préjugés, il avait été lui-même humain dans le passé. Il savait ce qu’était qu’un excellent soldat. Il savait que cet homme était fort loin d’être un incompétent, ni même d’être stupide. Après tout, il se battait aux côtés de Maxwell, de deamons, d’esprits, d’anges, de valkyries même! Toutes sortes de créatures qui dépassaient de loin l’humain lambda, et lui, « simple » humain qu’il était, pouvait se mesurer à eux, seul même s’il devait. Dans l’armée de la princesse Soleil, il aurait été son égal.

Maintenant, il était son faucheur.

Kratos n’était pas du genre nerveux, mais cet homme, il ne l’avait jamais su le lire. Cet homme savait très bien jouer son jeu, à un point où l’ange d’expérience commençait à se douter de lui-même. Est-ce qu’Alvin était aussi dangereux qu’il le croyait…? Était-il un simple pion de ce Bisley? Avait-il vraiment les intérêts des esprits à cœur? Était-il un homme… Non, ha, non, il n’était pas intègre. Mais pourtant, il y avait ce doute dans son esprit, et il ne suffisait que de cette petite once de doute, cette moindre étincelle pour faire germer un minuscule « et si? », et ainsi donc le voilà, l’ange de légende, dans le sous-sol de la Spirius Corporation. Pour qui? Pour quoi?

Et tristement, c’était en venant ainsi qu’il allait enfin découvrir les véritables intentions d’Alvin. Car il savait très bien qu’Alvin lui allait tout expliquer. Pourquoi d’autre cet imbécile l’aurait mené ici, en catimini?

Il ferma les yeux, alors que l’ascenseur dévalait les étages vers le fin fond de cette histoire. Lightning… Serah… Il ne fallait jamais faire confiance aux humains. Et il ne fallait se sacrifier que pour le bien des esprits.

― « Nous y sommes…? » demanda-t-il à l’espion, qui restait toujours de marbre. Kratos le regardait froidement. Non pas parce qu’il avait peur, non pas parce qu’il était méfiant, non pas parce qu’il avait eu des préjugés envers cet homme dès le jour un. Parce qu’il était un ange. Et les anges peuvent voir la malveillance.

Le vrai creuset de la malveillance, celui de l’humanité, c’était juste ici. Si Titania devait représenter le mal qui réside dans le cœur de ces monstres, en ces animaux qu’étaient les violeurs et les brigands, cet endroit représentait le mal qui résidait dans l’esprit des gens, des gens qui ont été trop près du soleil, et qui ne peuvent qu’aller le plus bas possible.

Après quelques minutes à passer à travers des corridors et des portes, le mercenaire s’arrêta devant une porte, de toute évidence hésitant. Vraiment, Alvin? Des doutes, à la toute dernière minute? C’était pas un peu trop tard, non? L’ange se croisa les bras avec impatience, tandis que le mercenaire se força (visiblement) à ouvrir les portes dans un long soupir.

― « … » Mais… Qu’est-ce que…

Un vide. Un néant. Non. Une amertume infinie. C’était ça qu’il était. Un être complètement amer. Vil. Et il sentait la haine se cultiver en lui. Et cela le rendait si las…

Qu’est-ce qu’il aurait tout fait pour être libre! Sans obligations! Aucun devoir! Aucun… liens. Aucune carte contre lui. Rien pour le forcer. Mais malheureusement, il était ce qu’il était, et la notion de « choix » l’avait quitté il y avait bien des années de cela. Avant même de voir son oncle le trahir. Tellement de haine envers lui…

Le fait d’être aux côtés de cet ange, isolés ainsi dans cet ascenseur était le comble, le cumulatif de toute cette haine, de cette amertume, de ce vide qu’était sa vie. Qu’est-ce qu’il aurait tant, mais tant aimé pouvoir casser la gueule à cet enfoiré, tout lui en redonner, comme une vengeance froide et certainement très amère, qui ne lui aurait apporté au final aucune satisfaction, et le fait que cela allait rien lui apporter accentuait en flèche ce goût en bouche, cette soif de cruauté, ce désir brûlant, ardant de tout en finir. Et au final? Tout ne serait que pire.

Il voulait juste crier. Hurler. Tout frapper. Tout casser. Il désirait tant juste… planter son épée dans la gorge de cet « ange », le trucider, le hacher en pâté pour merdeux, dont même les chiens errants n’oseraient en manger. Et le pire dans tout cela? Cet ange n’avait rien à voir dans toute cette histoire. Il n’allait être qu’un simple innocent qui avait été au mauvais endroit, au mauvais moment. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était de rester droit, crispé, se retenir du mieux qu’il pouvait, et obéir aux ordres. Qu’est-ce qu’il enviait tous ces cyborgs, ces androïdes. Qu’est-ce qu’il aurait aimé être machine. Être une KOS-MOS qui obéit tout au pied de la lettre, et quand elle répondait trop littéralement, on ne faisait que jouer dans ses circuits sans broncher, sans rechigner. Et juste comme ça, tout le monde était heureux.

Connard. Comment ce satané d’ange le suivait comme ça, comme une fillette qui croyait à la bonté de tous, comme… comme cette Milla et cette Naomie hein? Il était le seul à proclamer haut et fort qu’Alvin représentait le mal, il était le seul à avoir raison, et il le suivait comme ça? Non mais c’était quoi cette blague!? Au moins il restait silencieux.

― « Nous y sommes…? »
… ou pas.

Il ne savait trop avec quel effort surhumain il ne s’était pas jeté à sa gorge, mais il le fit. Il conserva son sang-froid, entra les codes d’accès calmement, un à un, n’ayant aucune misère à retenir les longues chaînes de plus d’une vingtaine de caractères chaque, une sécurité au top à laquelle Alvin avait eu accès que très récemment, dans un seul et unique but.

Montrer à l’ange ce qu’il voulait.

Comme les gens de sa génération et plus jeune l’auraient si bien dit sur leurs smartphones : « éme dé ère ».

Il y avait exactement huit portes entre l’ascenseur et ce qu’Alvin devait montrer à l’ange. Parce que sept, c’était le chiffre de la chance, et donc ça risquait de leur porter malchance. Juste l’idée même l’agaçait au plus haut point. Tout l’énervait. Tout était irritant. Tout devait disparaître. MAIS Alvin avait une mission, et Alvin était un gentil petit garçon, n’est-ce pas!?

Il n’y avait plus qu’une poignée à tourner pour ouvrir la salle. Il avait la main sur la poignée depuis cinq secondes déjà. Il voulait que Kratos souffre. Il voulait que tout le monde souffre. Mais cela ne rimait à rien. Ça n’aidait à rien, tout cela. Mais… Qu’est-ce que… Pourquoi? Pourquoi faire tout cela…

C’était si futile. Alors il l’ouvrit, la putain de porte.

― « … » L’ange était stupéfait. Rien à foutre. Alvin était si… déconnecté de la réalité maintenant, si loin de toutes ces émotions, de cette empathie, de cette notion de devoir lire les autres que vraiment Kratos, fais ce que tu veux, il en avait juste rien à foutre.

Ah mais non, il fallait pas se retourner vers lui quand même…

― « Pourquoi tu montres ça à moi…? » dit l’ange sur un ton méfiant. Alvin le dévisagea froidement, jugeant ses options. Était-il vraiment obligé de lui parler…? De lui répondre…? Il roula ses épaules, question de, tenter de réduire la tension de son corps, de garder son calme? Bon sang, il avait jamais autant hait quelqu’un comme ça ― ah, non, si, il y avait une personne qui le mettait dans le même état.

― « N’était-ce pas là ce que tu voulais voir, ange? » répondit-il d’un froid, qui visiblement froissa Kratos. Oh, quoi, quand on s’adressait du même ton, c’était fâchant? Oh, il l’avait blessé? Hon, milles pardons, il ne l’avait pas fait exprès!

L’ange soupira et se retourna vers la génératrice principale, qui faisait d’office d’un pseudo-bouclier contre la puissance, la lumière infâme violette qui radiait partout dans la chambre de milles feux. « Tu sais très bien Alvin quel est mon but. Tu t’es trompé d’ange. Je- »

― « Parce que tu crois qu’elle aurait fait quoi? » le coupa Alvin, en s’approchant de quelques pas vers Kratos, question de ne pas rester dans l’entrée de la chambre. Effectivement, la porte se referma derrière lui, enfermant Alvin et Kratos sur un pont qui reliait l’entrée aux ordinateurs qui contrôlait les génératrices de cette pièce. L’ange regarda par-dessus son épaule, avant de reporter ses yeux sur l’esprit.

― « … elle aurait libéré Volt et elle t’aurait tué sur le champ, » répondit-il, main à l’épée, comme à son habitude. Ce qui étonnait presque Alvin ― s’il pouvait seulement se préoccuper de quoique ce soit en ce moment ― c’était que Kratos n’était pas encore en train d’essayer de le tuer. « Tu aurais probablement pu gagner contre Lightning. Peut-être même accompagnée de Serah. C’est pour cela que… je suis confus. »

― « Ne sois pas trop hautain, ange, » l’avertit Alvin. « Tu es en plein cœur de la Spirius Corporation. Toi-même, tu l’as dit; on a réussi à tuer l’ange d’Aska. Rien n’assure ta sécurité ici. »

L’ange reporta son regard sur Volt et resta silencieux. Non mais c’était quoi ce merdier…

Il n’arrivait pas y croire. En fait, à quoi il s’attendait déjà en partant? Il… oui, Kratos avait cru à un piège. Il avait cru qu’Alvin l’amenait tout droit dans une cage, un endroit dont il ne pourrait plus jamais s’en sortir. Mais… lui montrer, lui, lui confirmer que… que tout ce qu’il disait, toutes ces accusations qu’il portait contre lui, elles étaient toutes vraies? Que…

Non. Ça ne prouvait rien. Oui, l’ange n’avait pas de preuve que Tesseha’lla possédait Volt comme… comme cela, branché à des machines, immobilisé dans une cage, rayonnant de toutes ses forces alors que son énergie se faisait siphonnée, comme une batterie éternelle, comme si Tesseha’lla testait la durée de vie d’un Grand Esprit. Il savait que Volt était à Tesseha’lla, tout le monde le savait ― ou du moins, tous les anges… ― mais jamais il n’aurait cru qui lui arrivait une telle horreur. Pas à ce point-là. Kratos était déjà convaincu que quelqu’un ― et ça devait forcément être la Spirius Corporation, puisqu’il n’y avait aucune autre entité aussi puissante qu’eux dans l’empire de la technologie ― avait « caché » Volt, l’utilisait, empêchait les anges d’y avoir accès, mais pas qu’ils torturaient l’Esprit ainsi.

Bon sang, ils ne devaient même pas savoir. Ils ne pouvaient même pas comprendre. De ce qu’il savait, seuls les Esprits et les anges pouvaient comprendre les propos de Volt, et Lightning était celle qui devait le comprendre le mieux de tous les anges. Même pour Kratos, les pensées de Volt étaient confuses, et encore là, il n’était même pas sûr si c’était parce que l’Esprit avait été trop affaiblit par l’abus pour pouvoir s’exprimer de manière cohérente. Du moins, il ne semblait pas être conscient de ce qui se passait autour de lui. Que Kratos était là, à quelques mètres de lui.

Mais l’ange ne comprenait pas.

― « Pourquoi tu montres ça à moi…? » dit l’ange sur un ton méfiant. Le mercenaire ne lui répondit pas, toujours de marbre. Kratos voyait la malveillance d’Alvin empirer. Il représentait un danger. Tout Tesseha’lla était un danger pour Volt, d’ailleurs. Il fallait le libérer le plus rapidement possible, mais si Alvin l’avait amené ici, c’était certainement pas pour trahir son patron. Après tout, Kratos n’avait pas besoin d’un dessin pour comprendre le dilemme présent : si on libérait Volt, la ville allait s’écrouler. Et si Kratos ne voulait pas que cela arrive, c’était pour une raison tout à fait simple : la guerre.

La guerre engendre beaucoup de malveillance. Et lorsqu’on était en guerre contre la malveillance elle-même, à la quantité de gens qui avait dans cette ville, c’était signaler la fin de l’humanité. Tesseha’lla était la ville la plus populeuse de ce continent, la concentration était la plus grande, et si toute cette population devait perdre l’énergie et la technologie du jour au lendemain, sans solution, sans de moyen de rendre la transition allégée, les deamons qui allaient être générés allaient être plus puissants que Heldalf lui-même.

Bon sang! Il ne fallait vraiment pas que ce secret tombe dans les mauvaises mains! Les sbires du mal pourraient utiliser tout cela à leur avantage!

― « N’était-ce pas là ce que tu voulais voir, ange? » Kratos plissa des yeux. Vraiment…? Il allait le dénigrer maintenant que Milla n’était pas dans les parages…? Au moins, Alvin affichait clairement son camp : il ne se présentait aucunement comme son allié. C’était donc un piège. Mais pourquoi? Il soupira et jeta un coup d’œil sur Volt. Sur toutes ces machines. Pourquoi lui? Pourquoi QUE lui? Il aurait pu amener Milla, non? Milla aurait tenté de libérer Volt, avec Lightning. Elles auraient même été devenues irrationnelles, elles auraient tentées de faire sauter le bâtiment, et Bisley aurait pu enfin mettre la main sur Milla. N’était-ce pas ce qu’il voulait? S’il avait un espion aux côtés de Maxwell, qui était clairement pas de son camp, et qu’il possédait Volt, et même probablement Aska et Luna… Le voilà le piège idéal, non? Le voilà la chance ultime de mettre la main sur Milla! Ou avaient-ils peurs d’elle? Mais alors, pourquoi lui? Alvin lui-même savait que Kratos était un héros de légende, une figure vénérée parmi les anges eux-mêmes. Ce n’était pas logique.

― Tu sais très bien Alvin quel est mon but. Tu t’es trompé d’ange. Je- »
― « Parce que tu crois qu’elle aurait fait quoi? » le coupa Alvin, en s’approchant de quelques pas vers lui. La porte derrière le mercenaire se referma, attirant l’attention momentanée de l’ange derrière lui, pour ensuite reposer ses yeux sur Volt. Ils se servaient du Grand Esprit de la Foudre pour le piéger…?

― « … elle aurait libéré Volt et elle t’aurait tué sur le champ, » répondit-il, serrant sa prise sur son épée. Kratos avait toujours eu l’habitude d’être prêt au combat, peu importe la situation. Et ce, depuis avant même sa mort. « Tu aurais probablement pu gagner contre Lightning. Peut-être même accompagnée de Serah. C’est pour cela que… je suis confus. »

― « Ne sois pas trop hautain, ange, » l’avertit Alvin, ce qui lui fit rouler des yeux. Ha ha ha. Il pensait pouvoir gagner un duel contre lui? Grave erreur que de le sous-estimer, pourtant, il devait bien le savoir que Kratos était plus fort que lui.

― « Tu es en plein cœur de la Spirius Corporation. Toi-même, tu l’as dit; on a réussi à tuer l’ange d’Aska. Rien n’assure ta sécurité ici. »

Kratos le dévisagea un moment, contemplant la menace avant de reposer ses yeux sur Volt. C’était vrai. Ils pouvaient tuer un ange. Ils pouvaient probablement tuer un Esprit aussi, à voir le traitement qu’ils donnaient à celui-ci. Et Kratos avait bien vu qu’Alvin lui barrait la route. Il était pris au piège entre Volt et lui. Alvin avait l’intention de se battre contre lui? Parfait.

Mais pas maintenant.
― « C’est ton égo Alvin? Tu m’as fait venir ici pour un duel sous les yeux de Volt, pour qu’il soit notre juge impartial? Alors que ce que je voulais, c’était mon Esprit à moi? » le défia-t-il en se retournant vers lui, la main toujours portée sur son fourreau. Quelque chose lui disait qu’Alvin était dorénavant complètement imprévisible. C’était ça que la malveillance faisait sur les humains. Surtout lorsqu’ils étaient sur le bord de se transformer en deamon ― et Kratos voyait très bien que cela allait arriver d’un moment à l’autre. « Non, Alvin, ce n’était pas ce que je voulais voir. Je veux voir les Esprits de la Lumière. Tu le sais très bien qui je suis. » cracha-t-il, pour le regretter aussitôt. Il ne fallait pas précipiter les choses. Avec un humain qui était sur le bord de se transformer, il fallait se montrer poli.

… enfin, pourquoi? Kratos ne tenait pas particulièrement à cet homme. Même que ce serait un très excellent débarras que de le tuer. Milla n’avait pas besoin d’un traître à ses côtés.

Mais qu’est-ce que ça l’énervait. Bordel, il ne voulait pas être ici. Seigneur… il avait l’impression de se répéter ça à longueur de journée, depuis des semaines, des mois, des années même. Il ne voulait pas. Il ne voulait pas travailler pour cette putain de compagnie. Il ne voulait pas être un traître. Il n’avait jamais voulu trahir Presea. Il ne voulait pas trahir… Milla, Naomie, Rinko. Les esprits. Mais son destin était forcé. Même là; qu’est-ce qu’il aurait tant voulu péter la gueule à ce salaud d’enculé. Mais nooooooooooon, il ne pouvait paaaaaaaas. Ce n’était pas dans son descriptif de tâche, ça! Se faire tabasser par des connards? Ça, oui, mais se venger? Nuh-huh! Pas pour toi, gamin!

Et ça… ça! Il ne voulait TELLEMENT plus qu’on le traite comme une passoire, comme un punching-bag, comme un homme à tout faire, comme de la merde! Il n’était PAS la blague de bas-niveau!

C’était très dur de ne pas répondre à cet enfoiré. C’était encore plus dur de ne pas lui sauter dessus. Oh, il pouvait très bien se l’imaginer, toutes ses tripes répandues au sol, son propre chandail plus jamais blanc. Et il ferait de son foulard rouge son trophée. Qu’il brandirait à la vue de tous. Oh que c’était dur…

― « T’aimerais ça hein, que ça soit mon égo, » répondit-il d’un ton mécanique, surprenant visiblement Kratos. Il n’en fit rien. « Tu n’as pas de bons yeux, ange. Ton esprit est juste là pourtant, » ajouta-t-il sur le même ton, mais avec beaucoup de violence dans son geste, levant le bras comme s’il voulait se débarrasser de cette requête au plus vite. Heureusement, l’ange comprit rapidement, et aussitôt qu’il aperçu Aska, il s’écroula à genoux, complètement en désarroi. Bien. Enfin un peu de réjouissance dans a vie de merde.

― « Quoi. C’était pas ça que tu voulais, ange? » le nargua-t-il du même ton mécanique, alors que Kratos semblait complètement perdu, faible, anéanti. Ha. Ah ha ha! Ça faisait quoi de se sentir comme ça, hein? Et maintenant, imagine ça pour le restant de ta vie. Peu importe ce que tu vas faire, tu y pourras jamais rien. Essaie de t’imaginer ça Kratos. Tu n’y seras même pas capable.

― « Pourquoi…? Pourquoi faites-vous cela? Qu’est-ce que ça vous rapporte…? » demanda l’ange d’une voix faible, détruite. Pendant l’espace d’une fraction de seconde, le mercenaire haussa le coin d’une lèvre en guise de pseudo-sourire. Mais la réalité était qu’il ne pouvait, comme toujours, absolument rien y faire.

― « Ce n’est pas à moi de répondre à ça. Mon boulot était de t’amener ici. Fait. Fini. » siffla-t-il à la fin. Ah, ha ha! Fini? Il n’y avait jamais de fin pour lui! Toujours merde par-dessus merde! Et d’ici d’un moment à un autre…

Quelque chose clochait avec Alvin. Bien entendu, il le savait il y avait bien longtemps déjà, la malveillance était plus que visible. Mais… c’était quelque chose d’autre. Quelque chose qui lui semblait complètement hors de son contrôle. Et Kratos se surprit à ressentir de la compassion pour cet homme qu’il avait tant méprisé. Il voulait l’aider. Mais comment? Il avait l’impression qu’Alvin pouvait être sauvé. Il voyait son cri à l’aide, son hurlement même. Mais il ne comprenait pas. Alvin se forçait à parler, et Kratos voyait qu’il voulait se détacher de tout, se couper émotionnellement de ce qui se passait, mais à cause de sa nature, à cause des secrets qu’il devait cacher, Kratos ne pouvait rien faire pour lui. C’était uniquement s’il parlait que Kratos allait pouvoir comprendre. Était-ce, était-ce cela? Tout ce cirque, c’était un appel à l’aide? Ne serait-il pas un piège? Pourtant… il voyait très bien l’intention de meurtre dans le regard d’Alvin. Mais était-ce vraiment à son intention…?

― « Ici..? » demanda Kratos, en suivant le geste du bras d’Alvin vers le haut. Ce qu’il vit lui fit perdre toute sa volonté.

Ils avaient Aska.

Ils…

― « Pourquoi…? Pourquoi faites-vous cela? Qu’est-ce que ça vous rapporte…? » se demanda-t-il, sans croire qu’il allait recevoir une réponse. Ce genre de chose, cela ne s’expliquait pas. C’était inhumain, tout simplement. Même un deamon ne ferait pas cela. Les deamons étaient capables de voir les Esprits, et ils ne s’en prenaient pas à ceux-ci comme cela. Les deamons n’avaient tout simplement aucun intérêt envers les Esprits. La source de la malveillance, de leur transformation, de leurs maux, c’était les humains eux-mêmes. C’était bien pour cela que Heldalf ne cherchait pas à entrer dans Rieze Maxia après tout. Peu importe la source de la malveillance de Heldalf, sa raison résidait en les humains.
Il n’y avait que les humains qui pouvaient maltraiter les Esprits à ce point-là. Et les humains étaient les êtres les plus illogiques qui soit. Pourquoi réserver un tel traitement à Aska?
Parce qu’ils le pouvaient. Tout simplement.

― « Ce n’est pas à moi de répondre à ça. Mon boulot était de t’amener ici. Fait. Fini. » Kratos baissa les yeux vers le mercenaire devant lui. Fini? Quoi, il pensait que la vue d’Aska allait lui faire perdre toute raison de se battre? Toute volonté de respecter ses devoirs, ce qu’il devait envers Luna et son compagnon adoré? Il se trompait grandement…

― « Pauvre fou! Tu sais très bien que tu ne peux pas gagner contre moi, Alvin! Et tu sais très bien que les autres vont me retrouver! Ils déjoueront tous vos plans! » cracha-t-il, les sourcils froncés, en se relevant et en dégainant son épée.

Ah, enfin… L’ange voulait enfin se battre contre lui. Maaaaiiiiiiis, quel dommage, Alvin ne pouvait pas. En effet, il n’était même plus supposé d’être ici. Les autres ne devaient plus tarder… Néanmoins, il avait, encore, étonnamment, un sens de préservation de soi, et il pointa le visage de l’ange qui s’approchait de lui avec son fusil. À sa grande surprise, Kratos déploya ses ailes, belles, lumineuses, fantastiques, vraiment un spectacle éblouissant, et pendant l’espace d’un moment, Alvin perdit toute trace d’animosité, toute notion de la situation tellement qu’il avait été surpris par cette apparence soudaine. Alors c’était à ça que ressemblait des ailes d’ange…?

Il ferma les yeux. Non. Il ne pouvait pas.

― « Elles ne gagneront jamais. Elles sont sur écoute. Sous surveillance. Même Lightning et Serah sont traquées par nos agents maintenant. »
― « Comment!? » s’étonna l’ange, qui commença à se tâter, à la recherche d’une mouche quelconque.
― « Non, pas toi. Pas nécessaire. Toi, tu vas rester ici. Auprès des esprits que tu aimes tant. »
― « Alvin… Tu crois vraiment pouvoir gagner contre moi…? »

Il baissa son fusil aussitôt, maintenant complètement furibond. « OUI, je crois que je peux gagner contre TOI! » hurla-t-il, le visage complètement écarlate. « J’en ai MARRE que vous me traitez comme un pauvre con, tout le temps! Moi aussi, je suis capable de choses, plus que n’importe qui d’autre! Je risque ma peau tout le temps! Pour tout le monde! »

Il s’approcha rapidement de l’ange, qui semblait être pris par surprise, pour pouvoir plaquer le canon de son fusil contre le front de Kratos, qui ne fit aucun geste pour l’arrêter. « Je pourrais gagner contre toi n’importe quand! Je SAIS que je peux le faire! Défie-moi! Et perds! Je peux gagner contre m’importe qui, même Milla! Parce que personne d’entre vous n’a eu à endurer ce que MOI j’endure, tout le temps, depuis vingt ans! » Il rebaissa son fusil. « Vous, tous ce que vous savez faire, c’est d’être hautain! Vous vous gavez, vous croyez au-dessus de tout, vous faites la vie grâce, et moi, je dois tout subir pour le moindre de vos caprices! Et vous savez c’est quoi qui rend les gens forts…? » Kratos eut un mouvement de recul tandis qu’il plissait des sourcils, l’air très menaçant. « C’est apprendre à accomplir tous vos bordel de caprices qui me rend fort, Kratos. »

Il fit quelques pas en arrière, ne détachant toujours pas ses yeux de Kratos, qui restait paralysé par l’étonnement. Alvin soupira bruyamment, puis se retourna vers la porte, qui s’ouvrit enfin.

― « Et ça. Ça avec, c’est rien d’autre qu’un caprice! »

Comment…? Alvin les avait trahis à ce point-là? Aucun des compagnons de Milla n’était en sureté, même les anges? Les valkyries? Il avait raison de croire que toute personne qui entrait en contact avec Milla devait être mise sous écoute. Alors Bisley était au courant de tous les plans de Milla? Kratos leva les yeux vers Aska. Et dire que lui, il n’avait aucune idée de ce qui se passait, des plans de la Spirius, de Bisley. Il ne savait même pas qui était ce Bisley.

― « Alvin… » grogna-t-il, avant que le traître lui colle son arme au front. L’ange ne bougea pas d’un poil. Il n’avait pas peur qu’une balle lui transperce la tête; il était un ange, il était au-dessus de la condition humaine. Mais toute cette colère… Alvin était furieux d’être utilisé? C’était ça le problème? Il n’avait jamais vu un homme exploser ainsi ― et ce, sans… sans méchanceté. La malveillance qu’il avait vu assombrir Alvin n’était pas là, comme si le fait de hurler le libérait de ses pensées. Kratos desserra sa prise sur son épée, après que le mercenaire eut baissé son arme. Il ne faisait que l’accuser, il ne voulait pas se battre contre lui.

Mais alors qu’il croyait qu’Alvin pouvait être encore sauvé, celui-ci devint complètement noir. Ses traits disparurent tous derrière un amas de malveillance si épais que Kratos dû reculer. L’ange avait rarement peur. Même qu’il ne pouvait même pas dire s’il avait déjà ressenti une peur comme celle-là. Mais à ce moment-là, il était convaincu qu’il venait de voir la transformation d’un humain en un Giganto. Et ça, c’était très terrifiant. Non pas parce que Kratos ne pouvait pas tuer un Giganto ― ça, il l’avait fait pendant des millénaires de temps.
Mais parce que c’était la première fois qu’il voyait un simple être humain être à deux doigts de devenir un deamon surpuissant. Et ça, c’était terrifiant. Surtout quand on était à Tesseha’lla. Surtout quand on avait Volt dans le dos.

Alvin se détacha enfin, sa malveillance se calmant à nouveau, mais pas assez pour le considérer hors de danger. « A… Alvin… » tenta-t-il en levant une main vers le mercenaire, qui se dirigeait vers la porte, lorsque celle-ci s’ouvrit sur une femme aux yeux rouges. Surpris, il s’immobilisa, Ce qu’il n’aurait pas dû faire.

Kratos se prit le pire coup qu’il avait reçu de sa vie, et fut propulsé vers l’arrière, glissant sur le sol jusqu’à ce que son dos et sa tête frappe un des engins. Le coup avait été si dur qu’il ne voyait plus rien, sa vision étant devenue momentanément grise, et il ne vit pas le deuxième coup venir, à l’estomac. Malgré le fait qu’il était « au-dessus de la condition humaine », ces coups étaient aussi douloureux que sa mort d’humain.

― « Ils ne me font plus confiance. Ils n’ont jamais cru en mes capacités. C’est pour ça qu’ils m’ont obligé à t’amener ici, » expliquait Alvin au loin ― Kratos savait que le mercenaire était juste à ses côtés, et pourtant, il avait l’impression qu’une distance insurmontable les séparait. « Ils », qui? Qui étaient ces gens? Qui l’avait « obligé » à faire ça? Qui le voulait?

Kratos se ressaisit rapidement. Il ne pouvait pas se laisser descendre comme ça. Pas sans se battre. Il roula sur le côté, évitant un coup de talon juste à temps, et se redressa aussitôt. Il bloqua un coup de pîed avec son bouclier, et contre toutes ses attentes, le coup fut si puissant qu’il fut rejeté vers l’arrière. C’était ça les armes de Tesseha’lla!?

― « Abandonne Kratos… Ça ne sert à rien. Personne ne peut gagner contre elle. » Non. Kratos n’était pas un lâche. Il n’abandonnait jamais. Pas dans un combat! « Et souviens-toi toujours qu’il y a plus fort que ça ici… » Quoi? Kratos le regarda un moment, ce qui fut de trop, et il se mangea un nouveau poing qui le propulsa contre Alvin. Les deux hommes tombèrent à terre, lui sur le dos, le mercenaire à genoux. Et le mercenaire semblait prêt à se laisser faire. « Ils n’ont aucune priorité pour moi. Ces carcasses valent tout face à moi. »

Kratos leva son bouclier à nouveau, le fonçant vers le poing qui allait s’abattre sur eux, diminuant ainsi le contrecoup qu’il allait recevoir. Ce Bisley n’avait donc aucun sens de préservation de ses hommes? Ces machines lui étaient plus chères que les humains? Ça en expliquait long si c’était le cas…! L’ange se redressa rapidement, puis planta son épée au sol, invoquant un grand cercle de lumière sacrée, de lumière qui lui avait été confiée dès son premier jour de servitude post-mortem, de―

Il la vit entrer dans le cercle comme si de rien était, marchant tranquillement vers sa cible, aucunement affectée par son arte. Et Kratos abandonna alors tout espoir.

La porte s’ouvrit. La mission commençait. Ses capteurs repérèrent d’abord le neveu. Ses supérieurs lui dirent de l’ignorer. Le neveu n’avait jamais été sur sa liste de gens à protéger. Cela dit, si KOS-MOS n’avait pas ordre de tuer, alors elle ne le ferait pas. Mais elle ne tentera pas d’éviter les accidents.

Elle descendit une marche, repéra la cible, et après avoir eu le OK de ses supérieurs, elle bondit dans les airs pour pouvoir abattre son poing dans la figure de l’ange Kratos. Selon sa base de données, les anges étaient d’anciens humains qui étaient au service des esprits. Malheureusement, ils n’en savaient pas plus que cela. Les anges auraient probablement des capacités supérieures aux humains, des compétences inhumaines, et pouvaient voler grâce à des ailes qui ne ressemblaient à rien de ce qui avait ― ou se faisait ― dans ce monde. KOS-MOS ne pouvait donc pas proprement juger ses coups. Ses supérieurs lui avaient demandé que, dans un monde idéal, elle laisse en vie cet ange, mais on lui permettait, si elle en jugeait la nécessité, de tuer sa cible. Il ne fallait pas l’achever, mais elle devait rester, dans la mesure du possible, idem.

Elle appliqua 65% de sa puissance pour commencer, sachant que les humains ne pouvaient tolérer plus que 30% de sa puissance, avec une marge de manœuvre de 5%. Elle constata que cet individu pouvait endurer cette puissance. Bien. Elle allait la conserver. Elle marcha vers la cible, qui était à terre, afin de lui donner un coup de genou dans l’estomac. Bien. Ça aussi, cet individu le supportait.

Le neveu se mit à parler, et ses supérieurs se mirent à commenter le niveau de confiance qu’ils avaient envers lui. Comme cela n’était pas important, elle les ignora. Selon sa base de données, ils avaient toujours traité le neveu comme un bon à rien. Il n’y avait donc pas de mise à jour à effectuer. KOS-MOS leva la jambe pour pouvoir mettre sa cible K.O., mais celle-ci roula sur le côté, évitant son coup. L’androïde le regarda faire de ses yeux rouges vides, sans vie, alors qu’elle constatait à ses supérieurs rapidement que « de façon imprévisible, la cible était plus résiliente que ce à quoi elle s’était attendue de voir ». Ses supérieurs lui dirent de continuer, de ne rien changer.

KOS-MOS leva donc un bras pour pouvoir frapper l’ange Kratos au visage, mais celui-ci leva un bouclier. Le bouclier semblait être magique ― c’était d’un matériel qu’elle ne reconnaissait pas, et elle demanda à ses supérieurs de l’analyser pour elle. Ses supérieurs lui demandèrent de continuer le combat.

Le neveu continuait de parler, et KOS-MOS entendit en arrière-plan qu’il fallait que quelqu’un descende pour l’arrêter. KOS-MOS leva la tête vers le neveu, et on l’avertit aussitôt de ne pas s’en préoccuper. Son supérieur en chef déclara avec mécontentement qu’il allait s’en charger, et demanda à ses collègues de superviser la situation. KOS-MOS rapporta son attention sur l’ange Kratos, qui était alors indisposé par une distraction. Constatation : les anges avaient des comportements humains. Elle en profita pour lui donner un coup de poing qui le propulsa vers le neveu. Dégâts collatéraux. Comme il y était écrit dans son programme, KOS-MOS ne donnait aucune priorité à conserver l’intégrité du neveu de son supérieur.

Elle se dirigea calmement vers l’ange Kratos, qui semblait vouloir protéger le neveu. Le neveu disait des propos qui étaient vrais, mais qui, selon sa base de données, allaient être déclarés incohérents par ses supérieurs. Elle abattit son poing sur l’ange Kratos, qui avait levé son bouclier ― non, il l’avait propulsé vers son poing. Les anges pouvaient donc s’adapter. Apprendre rapidement. Peut-être plus rapidement que les humains.

Sa cible planta son épée au sol, invoquant un glyph de lumière, semblable à l’arte du neveu, bien que celui-ci semblait bien plus puissant. Ses supérieurs lui dirent d’avancer quand même. KOS-MOS pénétra dans le cercle qui lui causait aucun dégât. Le visage de l’ange Kratos exprima un désarroi. Étonnant. L’arte

Elle s’arrêta, et cligna des yeux. « Kratos, » constata-t-elle, et celui-ci la regarda avec, au début, confusion, pour ensuite se rendre compte à qui il s’adressait. À son étonnement, Kratos exprima un désarroi profond. Comme un humain qui se rendait compte qu’il venait de tout perdre. Pourtant, Kratos n’était pas comme cela.

Elle regarda ses mains, qui étaient très différentes. Sa lumière fit propulser des cheveux bleus dans les airs. Elle les saisit. Hum… Ses cheveux n’étaient-ils pas verts? Ça devait être pour cela que Kratos semblait anéanti. Elle regarda sur sa droite. Ah. Cet homme. Elle le reconnaissait. Lui aussi le regardait de manière ahurie. Elle baissa la tête sur le côté. Quelque chose clochait? Cet humain était si contaminé par la malveillance… Il avait besoin de sa lumière. Ne lui avait-elle pas déjà donné? Ah… mais c’était un humain. Il fallait purifier les humains souvent, n’est-ce pas?

Elle tourna la tête vers la gauche. Ah. Volt. Ce n’était pas son préféré. Mais c’était très étrange. Quelque chose… quelque chose… Elle eut un mouvement de recul de la tête. Un court-circuit. Elle cligna des yeux. KOS-MOS tourna la tête vers l’entrée, où son supérieur en chef se trouvait. Elle attendit ses instructions.

Alvin tourna lentement la tête vers le combat, ou… peu importe ce que c’était, toujours à genoux. Ouais… il supposait que Kratos n’avait que des artes de lumière, hein? Cela ne devait pas avoir grand effet sur KOS-MOS, vu sa nature, et avec son effet… Il supposait que la majorité des artes devaient avoir l’effet d’une vulgaire tape pour elle. En effet, comme il l’avait prédit, KOS-MOS ne fut aucunement affectée par l’arte, comme si ce n’était qu’une illusion. Il soupira et il se releva, repassant la tête par-dessus son épaule pour la voir avec ces yeux bleus. Abasourdi, il la dévisagea. Elle… elle semblait reconnaître Kratos? Il regarda l’ange. Celui-ci semblait aussi réaliser que c’était une autre personne.

C’était donc Luna.
Kratos avait trouvé ce qu’il cherchait, au final.

… Intéressant. Non, vraiment. Le Guardian Field de Kratos avait réveillé Luna. Ça, c’était certainement quelque chose que la Spirius allait adorer savoir. Enfin une gâchette compréhensible pour ce changement chez KOS-MOS. Et maintenant, il comprenait enfin ce qui se passait. Il eut un malaise. C’était un esprit qui s’était adressé à lui, sur les champs devant Hellawes? Ah, ha ha ha! Quelle ironie! Gilland n'était même pas capable de garder un esprit sous son contrôle au final! Et… cet esprit…

Bon sang, elle était obligée de le regarder comme ça? Cela lui faisait se sentir si dégueulasse.

― « Qu’est-ce qui se passe ici? » Bordel… Alvin ne savait pas s’il devait être heureux ou fâché que son oncle soit là. « Alfred. Ta mission était de conduire cet ange ici. Tu n’as plus rien à faire ici. » déclara Gilland, en activant un bouton qui redémarra le programme de KOS-MOS, comme il le faisait à chaque fois qu’il la voyait avec ses yeux bleus. Ha. Il n’allait même pas demander pourquoi ça s’était produit?

― « Sors d’ici. Tu ne sers à rien. » déclara-t-il, en s’approchant de lui, pour s’arrêter juste à ses côtés. « Tu ne voudrais tout de même pas que ta mère apprenne que tu es un vilain garçon qui désobéit à son oncle…? » susurra-t-il tout bas, pour ensuite s’approcher de Kratos qui était toujours à genoux. Alvin tourna la tête vers son oncle, avec un regard si venimeux que s’il aurait pu, il l’aurait tué sur place. Même que… c’était une excellente idée de le faire. Après tout, il ne servait à rien, non? Il n’avait plus sa place ici hein? Il était qu’un échec pour lui!? Alors ça ne serait rien s’il lui collait son fusil à la gorge, non!? Ça ne serait rien s’il plantait son épée dans le cœur, vu qu’il n’arrivait à rien, hein!?

Il vit Kratos le dévisager, et Alvin se figea aussitôt. Ce regard, cette, « compassion », cette expression qui essayait de dire qu’il était empathique. Alvin s’en détourna. Qu’est-ce qu’il voulait tant tuer son oncle… Pour tout ce qu’il avait fait. Pour sa mère. Mais ce n’était pas aujourd’hui. Pas devant Kratos. Il avait tué, avec ce simple regard, toute fureur haineuse.

Il quitta la salle, sans jeter un dernier regard. De toute façon, il ne les verrait plus jamais. Avec ce que Gilland avait intention de faire sur lui, Kratos ne pouvait que passer pour mort. Ce sous-sol était maintenant son tombeau. Il en allait plus jamais ressortir ― s’il survivait déjà aux expériences que son oncle lui réservait.