Nascentia [Solo/Terminé]

Une lumière apparut dans son esprit, comme la fin d’un long tunnel hivernal. Pendant un instant, il crut voir Luna. Mais ce n’était pas elle qui était devant lui.

Non seulement il n’avait plus aucune force, mais Alvin n’avait aucun désir à répondre à cet homme. Son oncle le regarda d’un air… indescriptible, et Alvin en fut complètement dégoûté. Comment cet homme osait le regarder… quelle honte. Il était tellement m―mieux?

Une silhouette floue apparut dans son champ de vision, mais Alvin se sentait si au-dessus de tous ces imbéciles qui pouvaient oser respirer son air, il n’en fit aucun mouvement. Pourquoi se sentait-il si… différent. Si enragé. Si outré. Désespéré. Haineux. Il n’était pas pareil…

Des voix s’élevèrent autour de lui, mais Alvin en avait sincèrement rien à foutre. Il était à la fois « bien » et « mal ». Son corps était… si différent. Est-ce qu’il faisait mal? Il arrivait pas à le dire. Il comprenait que quelque chose de « mal » lui était arrivé, que quelque chose de « pas normal » lui était arrivé, mais il avait vraiment l’impression d’être « mieux ». Il était « mieux », et pourtant, il avait l’impression de ne pas avoir d’énergie. Il avait l’impression d’avoir un manque. Pas comme s’il avait faim, mais… il avait l’impression qu’il avait besoin de consommer. Et ça, il ne savait pas qu’est-ce qu’il devait consommer. Parce que ce n’était pas de la nourriture.

Un bruit de machine attira son attention sur le monde extérieur, et il réalisa que quelque chose le redressait. Il jeta un regard dégoûté sur son oncle, qui avait toujours un air aussi indescriptible, puis tourna son regard vers Bisley. Après quelques instants, le mer― le… Après quelques instants, il fronça des sourcils, après une longue réalisation.

Ce n’était pas Bisley. Ce n’était pas le même Bisley. C’était un Bisley différent. C’était… un ange!

Alvin posa un pied au sol, débarquant du lit mécanique, en direction de cet ange qui osait être en sa présence. Il s’arrêta, puis baissa les yeux vers son corps. Quelque chose lui disait qu’il devait être dégoûté. Ce n’était pas son corps. Ce n’était pas lui.

C’était mieux.

― « Bon réveil, Seigneur des Calamités. »

Alvin détourna son regard de sa main virulente, et regarda de haut l’ange qui venait de lui adresser la parole. Celui-ci osait le regarder d’un air satisfait.

― « Excellent boulot, Gilland. C’est une réussite. Nos plans vont de bon train. »

Alvin détourna son regard de ce vil ange pour regarder cet homme pathétique avec qui il partageait un lien. Cet oncle de merde détourna le regard, comme si, pour une fois dans sa vie, il avait enfin honte de ses actions. Ha. Ha ha! Ouais. Il devait avoir honte de ses gestes. Comment osait-il être encore en vie?

― « Laisse-le en vie, je te prie. Il nous est encore utile, » interrompit l’ange, alors qu’Alvin soulevait son oncle par la tête, ses nouvelles griffes s’enfonçant dans la nuque de celui-ci comme s’il s’agissait de beurre ramolli. Alvin ne le tua pas, mais ne le redescendit pas plus. Il tourna la tête vers cet ange qui osait lui donner des ordres, comme s’il était son maître. Il balança son oncle au loin, comme s’il n’était rien d’autre qu’un torchon, et s’avança vers Bisley.

― « Tu as beaucoup de potentiel maintenant, Alvin. J’en suis ravi. Mon maître en sera ravi. »

Maître? Oui. Un ange sert un esprit. Mais quel esprit servait-il? Lui, le meurtrier par excellence des esprits. Le meurtrier des esprits. Le meurtrier…!

Il plaqua une main contre son front, une vilaine migraine le prenant. Meurtrier! Il devait tuer Bisley! Il était le mal! Mais pourquoi? Qu’avait-il oublié!?

Il exigea des explications. Il voulait savoir ce qu’ils lui avaient fait. Maintenant!

― « Gilland, » répliqua Bisley d’un ton sec, comme s’il donnait un ordre. Celui-ci s’empressa de se précipiter vers une console, appuyant sur un bouton. L’instant même, de terribles chocs électriques parcoururent le corps d’Alvin, le paralysant de douleur. Qu’est-ce que c’était!? Comment son corps si meilleur pouvait être maîtrisé ainsi!?

― « Tu n’es pas encore prêt, Alvin. Tu n’as pas accumulé assez de malveillance. Mais sois rassuré : à ton prochain réveil, tu seras parfait, mon cher. Tu seras notre héros, notre champion de la destruction, et tu accompliras tous les plans de Chronos. »

Chronos…? CHRONOS!? COMMENT OSAIT-IL DIRE CE NOM!

Alvin tenta un pas vers Bisley, furieux, mais les ondes devinrent plus fortes, et après un combat qui lui sembla être une éternité, il perdit connaissance à nouveau.

Au loin, dans un nuage très nébuleux, sombre, ténébreux, ses pensées étant un pur chaos alimenté par cette machine, sa conscience complètement fragmentée, il eut une pensée pour une jeune femme blonde, mais il ne sut pourquoi.