Quête annexe 6 : Les Gladiateurs du Colisée (Terminée)

Un colisée. Ouais! Génial! Des combats à mort, à longueur de journée, sans arrêt! Quel paradis!

Cela faisait maintenant quatre jours que Rokurou s’amusait au Colisée de Nordopolica, remportant victoire sur victoire. À son grand malheur… bien que le Colisée était ouvert à la journée longue, il ne pouvait pas tout bêtement participer à tous les matchs. Il y avait des tournois, des conditions, des plages horaires, et tout le tralala… Bien que Rokurou passait le plus clair de son temps dans le Colisée, il était rarement dans l’arène, et n’importe quel passant voyait à quel point cela le déprimait.

Ce fut d’ailleurs son air piteux qui attira la sympathie des organisateurs des matchs. Ceux-ci voyaient que Rokurou était un combattant hors-pair, et qu’il crevait de retourner dans l’arène. Il fut interrogé, et voyant que le samouraï n’y comprenait rien, les organisateurs décidèrent de l’attirer dans leur enquête. Apparemment, ils étaient convaincus que certains des gladiateurs prenaient des substances illégales. Naturellement, Rokurou était au-dessus de cela, mais il ne pouvait pas leur expliquer que c’était dû au fait qu’il était un deamon. Les organisateurs lui offrirent des matchs et des repas gratuits, tant qu’il arrivait à trouver qui se dopait.

Évidemment, juste lui demander de se battre lui aurait amplement suffit.

On lui déclara qu’il n’allait pas investiguer tout seul, et bon homme qu’il était, il accepta de coopérer. Ils pouvaient se charger de l’enquête, il voulait simplement se battre contre n’importe qui, n’importe quoi.

― « Hé! Ça va? Moi, c’est Rokurou, » se présenta-t-il avec un gros sourire, tendant sa main vers la première personne. Il tourna la tête vers la deuxième personne présente, ses cheveux virevoltant dans le mouvement, laissant son œil rouge et ses marques noires à découvert pendant un instant. « Je ne suis pas un détective, mais je suis très bon pour me battre! » déclara-t-il en frappant son torse. « Vous pouvez compter sur moi sur ce point-là, je peux même y aller solo! »

Bien que Rokurou afficha clairement sa surprise face au pseudonyme de l’homme masqué, il n’en fit rien; le samouraï n’était là que pour se battre, peu importe ce qui allait se passer. Si cet inconnu voulait garder son identité secrète, soit, parce qu’il en avait franchement rien à foutre, et honnêtement, à cet instant, il était bien trop impatient à l’idée de se battre qu’à l’idée de jouer aux détectives.

Sauf que c’était ça, leur job. Ils devaient justement jouer aux détectives.

Rokurou préféra n’en faire aucune remarque, étant bien heureux que son boulot se résume à taper. Après, si ces gens voulaient toucher à la récompense, ils allaient certainement faire leur boulot aussi. De toute façon, tant qu’ils trouvent la drogue, il n’était pas nécessaire (selon lui) de trouver qui se drogue ou pas. Il accepta sans rechigner le papier, qu’il lut vite fait, pour ensuite signer d’aussitôt et se dirigea allégrement vers la réception, où il finalisa son inscription.

Et bien heureusement pour le deamon, son prochain match commençait maintenant.

Si ce combat devait être truqué, Rokurou n’en vit rien. Son premier adversaire était expérimenté, peut-être un vétéran de guerre parce qu’il était plutôt calme, mais Rokurou était plus fort que lui. Son adversaire savait se battre, mais de toute évidence, il n’avait pas d’expérience contre un homme comme Rangetsu, et Rokurou le désarma sans trop de soucis.

― « Tu es fort… » remarqua son adversaire défait, un genou à terre, soumis au samouraï. « Ta force est véritable, contrairement à eux. »

Rokurou leva un sourcil. « Eux? »

Le vétéran jeta un regard vers la foule, qui semblait impatiente de voir si Rokurou allait achever son adversaire, ou s’ils allaient enfin procéder au prochain combat. « Beaucoup ici prennent des drogues. C’est difficile à dire qui, et c’est difficile à prouver. La drogue est instable. D’ailleurs, je ne serais pas surpris qu’ils pensent que tu es un de ces clients. »

― « Ah! J’ai peur de rien! S’ils veulent m’arrêter pour dopage, qu’ils essaient! Je leur prouvais que je suis le meilleur! » s’exclama le samouraï en se frappant la poitrine. Son adversaire eut un moment de stupéfaction, se disant que Rokurou devait être fou, mais se ressaisit aussitôt en se disant qu’innocent comme il l’était, jamais il n’allait se faire arrêter.

― « J’espère que ton prochain combat sera contre un de ces gens, » déclara-t-il avant de se faire aider par le deamon pour se relever, les deux combattants étant sommés de quitter l’arène pour le prochain combat. L’adversaire défait se dirigea dans les vestiaires alors que Rokurou se faisait dire par les organisateurs que son prochain combat serait dans une trentaine de minutes.

Une fois l’administration finie, Rokurou put retrouver ses alliés dans les vestiaires.

― « Et puis, vous avez trouvé de quoi? » demanda-t-il tout innocemment.

Rokurou se frotta le menton, songeur. Certes, ils connaissaient le nom... mais ils ne savaient pas à quoi cet homme ressemblait. « Joseph, ça me semble être un nom commun quand même, vous connaissez quelqu'un qui correspond à ce profil? » demanda-t-il à ses partenaires. Rokurou avait beau creuser sa mémoire... oui, il en connaissait. Il en connaissait plus qu'un, même. Et est-ce qu'ils étaient du genre à fournir de la drogue? Eh bien, oui, certainement, probablement tous. Il aurait pu réduire les possibilités en se demandant quels Joseph faisaient affaires dans cette ville ou près du Colisée, mais...

― « Ah, c'est l'heure de mon prochain combat! » remarqua-t-il, tout joyeux, oubliant du fait même l'enquête qu'ils devaient effectués. Il s'élança vers l'arène, laissant les deux autres en plan, sentant déjà l'excitation monter en lui.

Cette fois-ci, son adversaire était sans aucun doute l'un de ces drogués. Son adversaire était terriblement musclé, et n'importe quel être intelligent (ou pas) était capable de voir que c'était pas naturel. Mais comment est-ce que les organisateurs laissaient passer une telle chose? Ça se voyait, non?

Rokurou était excellent pour esquiver; il fallait dire qu'avec autant de muscles, son adversaire était peut-être fort, mais ses mouvements étaient coincés et restreints. Cela dit, avant que Rokurou ne puisse l'achever, l'homme s’effondra à terre, mort.

― « Hein? Quoi? » s'étonna-t-il, à distance, alors que des officiels et des médecins s'élançaient dans l'arène. Rokurou avait gagné, certes, et on dit que c'était une attaque à distance, mais on voyait bien qu'ils tentaient de cacher des choses au public.

― « Bon... Eh bien, je ne sais pas ce qui s'est passé, » raconta Rokurou lorsqu'il fut à nouveau avec ses partenaires. « Vous avez trouvé de quoi? À part de chercher des hommes qui sont trop musclés, je ne vois pas trop quoi faire, » soupira-t-il, ayant déjà oublié l'histoire des Josephs.

Rokurou suivit ses deux partenaires, ne sachant que faire. Avec la mort subite de ce gladiateur, les matchs étaient suspendus pour la journée. Bien qu’on aurait pu dire que cela allait lui permettre de se concentrer sur cette enquête… Rokurou ne savait que se battre. Il regarda perplexe Argyle recueillir du sang dans une fiole, ne comprenant pas pourquoi le sang était devenu bleu et qu’est-ce que cela voulait dire.

― « Ah ouais en effet, si on s’en prend à la source, les revendeurs seront hors-jeu aussi… » réfléchit le samouraï tout haut, comme si tout cela faisait maintenant du sens. « Alors… il est où, ce mec? Et on fait quoi avec, on le tue? »

Rokurou suivit les autres sans trop se poser de questions, se contentant d’obéir plutôt que de penser. Il songea à se commander du saké en rentrant dans le bar, comme s’il avait oublié la raison pour laquelle ils étaient venus ici, jusqu’à ce que l’homme masqué leur dise de tendre un piège sur un homme en train de se saoûler.

― « Lui? Ok, » répondit le samouraï en se dirigeant tout droit vers l’homme en question. Sur le coup, le deamon s’était dit qu’il allait l’assommer directement ici, sans se soucier des autres clients, mais arrivé aux côtés de ce « Aaron », il eut une autre idée.

― « Toi aussi t’es un grand amateur d’alcool hein? T’as déjà bu du saké de raisins de pierre? »
― « Hein? Du saké de raisins? De quoi tu parles, c’est du vin ça! »
― « Si si, je te le jure, viens, mon amie va te le montrer! » insista Rokurou en pointant vers la vampire. En temps normal, les hommes auraient probablement vu sa soif de sang, mais avec tout l’alcool que cet Aaron avait dépensé jusqu’à maintenant, son jugement en était certainement aveuglé.

― « Ah ouais, je veux bien essayer votre vin de pierre, » rigola Aaron, en se levant du comptoir. Rokurou l’attrapa de justesse avant que le chimiste ne tombe par terre, puis l’entraîna dehors avec ses deux collègues. Ils se dirigèrent vers une allée plus sombre, où ils allaient être bien tranquilles.

― « Bon voilà, je pense que cela a fonctionné, » déclara Rokurou, tout fier de lui, tandis qu’Aaron se demandait qu’est-ce qui se passait.

Une fois l’information recherchée obtenue, « Mask » se désintéressa complètement de cet « Aaron ». Rokurou le regarda s’éloigner, plus intéressé à contacter ses informants à propos de cet entrepôt, puis le samouraï se retourna vers Alyssa. « Il sert plus à rien, fais ce que tu veux avec, » laissa-t-il tomber, pas plus guère intéressé que leur troisième partenaire. Laissant Alyssa à ses affaires, le samouraï suivit l’homme masqué. Celui-ci leur confirma avoir trouvé où était l’entrepôt en question. Comme Rokurou allait répondre qu’ils n’avaient plus qu’à y aller, leur compagnon masqué les arrêta; il préférait s’en charger par lui-même, en toute discrétion. Le deamon retourna la tête vers Alyssa. Il supposa qu’il pouvait comprendre d’où venait ce commentaire… mais quand même, il avait fait un effort pour attirer cet homme hors du bar sans trop se faire voir, non?

― « Bon, comme tu veux, je m’en fous. Je suis là pour me battre, de toute façon, » répliqua-t-il en haussant les épaules. L’homme masqué répliqua avec un petit rire, et leur confirma qu’il allait leur faire parvenir leur récompense, juré craché, pour ensuite disparaître dans les rues.

― « Je retourne au colisée. Je disais bien la vérité; je suis ici que pour me battre! » lança-t-il à Alyssa avant de la saluer de la main. Pour ce qui en était de lui, son boulot était terminé.